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Communiquer avec la langue des signes

Dernière mise à jour : 14 févr. 2020

Avez vous déjà vécu cette situation terrible où votre enfant, en larme, crie à pleins poumons? Voulant comprendre la raison de son chagrin vous lui proposez tout et n'importe quoi qui pourrait le calmer, mais en vain... Ça sent le vécu... Pauvre Joséphine, submergée par sa frustration d'être devant une maman nian nian qui ne comprend pas qu'elle a simplement soif/ trop chaud/ envie d'un câlin/ envie de jouer ...

Oui, plus d'une fois, je me suis retrouvée devant ma fille sans comprendre son besoin. Et là paf la vague "culpabilité/ nullité absolue" vient m'embarquer dans son rouleau infernal. Et là deux possibilités:

- La voix des anciens: "elle fait un caprice!", "elle a trop été portée!", "c'est peut-être à cause de l'allaitement?"

- Notre petite voix bienveillante et rationnelle: si mon enfant pleur c'est qu'il y a une raison! Je dois aider mon enfant à s'exprimer autrement que par les pleurs! Je dois communiquer avec mon enfant qui n'a pas encore acquis le langage!


Forte de ces bonnes résolutions, je me suis mise à l'écoute des propositions. Ça tombe bien, je ne suis pas seule dans cette gadoue! En 1980 des chercheurs américains se sont penchés sur le sujet et ont mis en avant les biens faits du langage signé aussi bien pour les enfants entendants que malentendants. Beaucoup d'établissements d'accueil de jeunes enfants l'ont d'ailleurs intégré dans leurs projets pédagogiques.

Bien décidée à en découdre avec les chagrins de ma petite Ninou, je me suis rendue en librairie pour essayer de trouver un ouvrage pas trop compliqué. Et là je me suis rendue compte qu'il en existait mille...


L'ouvrage Signer avec son bébé de Sophie d'Olce, résumait 10 bonnes raisons de se mettre au langage signé avec son enfant:

  • Tisser un lien privilégié et complice

  • Développer la motricité fine

  • Diminuer les frustrations, pleurs et colères

  • Etre présent en donnant du temps et de l’attention

  • Stimuler les apprentissages

  • Echanger avant l’arrivée de la parole

  • Sert de tremplin pour l’acquisition du langage (ne retarde le langage en rien puisque le geste est TOUJOURS associé à la parole. Le mot étant dit plus lentement, car accompagné du geste, l’enfant intègre plus rapidement le mot.)

  • Etre dans le jeu

  • Avoir un langage secret

  • Se créer des souvenirs

Et là j'ai dis BINGO! C'est parti pour essayer de communiquer avec Joséphine grâce à la la communication gestuelle associée à la parole!


1. La LSF, c'est quoi?


La langue des signes française est une langue à part entière, avec un vocabulaire, une grammaire, une vie et une culture. La langue des signes française existe depuis que l'Homme existe. En effet avant l'acquisition du langage, nos ancêtres communiquaient par signes. Il faudra attendre le XVIIIème siècle pour que l'Abbé de l'Epée crée le langage signé pour aider les sourds à communiquer. Le langage signé sera ensuite interdit en 1880 avant d'être réhabilité en 1980. Il faudra tout de même attendre 1991 pour qu'elle puisse être utilisée dans les écoles, et 2005 pour qu'une loi Française la considère comme une véritable langue.

Aujourd'hui, la LSF est une langue comme les autres si on peut dire. De multiples associations vous proposent de vous y initier, elle peut même être choisie comme l'une des langues apprises au lycée.

Le premier emploi de la LSF est bien-sûr pour les personnes malentendantes. Toutefois, comme dit en introduction, des chercheurs américains se sont rendus compte que le langage signé pouvait être un moyen de communiquer avec les enfants avant l'acquisition du langage. De plus, cette approche de la communication aiderait les enfants à mieux intégrer les mots et donc aider le développement du langage par la suite!


2. La méthode

La LSF, un moyen de communiquer et de réduire les frustrations du tout petit? Je signe où?

Maintenant que nous sommes convaincus attaquons nous à la méthode! Quand, comment et par quoi commencer?


2.1 Quand commencer

Les différents spécialistes vous disent : dès que possible. Il n'y a pas de temps à perdre pour commencer à communiquer avec son enfant. Toutefois, il faut quand même qu'on se le dise, votre enfant ne va pas se mettre à signer immédiatement (ce serait trop beau). C'est bien à force de répétition que vous apprendrez à échanger par les signes. Le langage signé est un très bel outil, gardez tout de même en tête qu'il est possible que votre enfant n'y soit pas réceptif. Persévérez tout de même car vos efforts pour communiquer avec lui ne peuvent qu'être bénéfiques. Et qui ne tente rien, n'a rien!


Le temps de lire le livre et de se motiver, nous avons commencé les signes quand Joséphine avait environ 4 mois. Nous n'utilisions alors que 5 ou 6 signes au quotidien. Vers 11 mois, Joséphine commençait à nous exprimer ses frustrations par des cris. Ne comprenant pas toujours son besoin, nous avons décidé d'enrichir notre vocabulaire signé. A 14 mois, Joséphine ne réalise pas encore de signes. Toutefois elle comprend et répond à plusieurs signes tels que: manger, boire, vient, dormir, bain, câlin, bisou, chat, changer la couche... Bien qu'elle ne les réalise pas, nous réussissons parfois à anticiper des frustrations en lui montrant les signes. Lorsqu'elle s'apaise et se met à rigoler: BINGO!


2.2 Comment et par quoi commencer?

Nous avons alors choisi quelques signes dans le livre pour les inclure dans notre quotidien. Il est important que le signe accompagne la parole, l'objectif est que l'enfant assimile le signe au mot et à l'acte. Le plus difficile au début c'est d'y penser. Bon nombre de fois, je me suis dis "mince j'ai oublié le signe!", on se rend alors compte qu'on parle vite à notre bébé et pas toujours de façon adaptée. J'en suis venu à me poser les questions suivantes:

  • A qui je parle?

  • A qui j'explique ce que je suis en train de faire?

Déjà au moment où je me suis posée la question ma façon de parler était différente. La voix plus posée, des phrases moins longues, le regard fixé sur les billes bleues de ma pucette. A partir de là Damien et moi avons commencé à inclure progressivement quelques signes (téter, changer la couche, aller au bain, je t'aime, papa, maman, zazou). Au début il faut vraiment se forcer, puis ça devient un automatisme. Vers 10-11 mois, nous avons augmenté notre lexique de quelques mots (jouer, venir, boire, de l'eau, manger, livre, tétine, bisou, câlin, merci, bonjour...). Il nous reste encore beaucoup à apprendre, j'aimerais maintenant inclure d'avantage le champ lexical des émotions au quotidien. Lui montrer et verbaliser les émotions pour qu'elle les comprenne et se sente écoutée.


2.3 Le débrief

  • On commence le plus tôt possible

  • On se créer un petit lexique de quelques mots que l'on étoffe petit à petit

  • On se pose avec son enfant pour favoriser l’interaction

  • Avant ou pendant l'action (et à chaque fois) on dit le mot et en même temps on fait le signe.

  • On reste patient, à force de répétition ça devient plus facile de jour en jour




 

Conclusion


Il nous reste encore beaucoup de choses à apprendre sur la langue des signes avec bébé, mais petit à petit nous augmentons notre lexique. Nous ne savons pas si Joséphine se prendra au jeu, mais franchement, à notre petit niveau, nous avons déjà l'impression de mieux communiquer avec elle. Nous apprenons à nous écouter et à s'observer pour partager en famille. Et c'est là le plus important. La semaine dernière, nous avons cru voir un semblant de signe "dodo". Elle l'a réalisé juste avant de tourner les talons et de monter les escaliers vers sa chambre.

N'hésitez pas à me dire si vous envisagez de pratiquer ou si vous pratiquez déjà la langue des signes à la maison, quels sont vos difficultés ou incidences sur vous et votre enfant. Si vous avez des fratries, votre témoignages m’intéresse beaucoup. Merci d'avance pour votre partage!






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